Partenaires pour un Québec français appuie le projet de loi 14 et condamne le tandem CAQ−PLQ
Réplique de la coalition Partenaires pour un Québec français à l’article de Lysiane Gagnon intitulé La loi et les zélotes, paru dans La Presse le 23 avril 2013.
Madame Lysiane Gagnon,
Par la présente, nous tenons à appuyer le projet de loi 14 du gouvernement Marois et, par le fait même, nous condamnons la décision du PLQ de voter contre le projet de loi ainsi que la position de la CAQ qui tente par tous les moyens d’édulcorer ce qui représentait un strict minimum pour inverser la tendance vers l’anglicisation de la société québécoise. Aussi, nous aimerions rectifier certaines fausses allégations véhiculées le 23 avril dernier dans votre article La loi et les zélotes.
Partenaires pour un Québec français
Le 19 novembre dernier, Partenaires pour un Québec français (PQF) dévoilait la plateforme commune autour de laquelle les membres de cette coalition entendaient être unis sur les enjeux linguistiques et pour affirmer d’une même voix que le français est la langue officielle du Québec. La coalition représente plus d’un million de travailleurs québécois à travers les membres des partenaires que sont la FTQ, la CSN, la CSQ, le SFPQ, la FAE, et l’UDA. Sont aussi partenaires le Mouvement national des Québécois et la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJBM).
La plateforme de PQF touche, entre autres, la langue de travail, de l’administration, de la justice, de l’entreprise, du commerce et des affaires et celle de l’enseignement. Enfin, chacun de nos partenaires a une expertise pointue des domaines sur lesquels PQF prend position en matière linguistique.
Le projet de loi 14, un pas dans la bonne direction
Tous les partenaires de PQF se sont présentés en commission parlementaire pour appuyer le projet de loi 14 du gouvernement Marois et pour y apporter quelques bonifications. La preuve du recul du français n’est plus à faire, tant l’Office québécois de la langue française que le Conseil supérieur de la langue française nous montrent qu’il faut agir, particulièrement au niveau de la langue de travail. Malgré cela, le PLQ refuse systématiquement d’appuyer le projet de loi 14 pour les mêmes raisons qui l’ont motivé en 1977 à ne pas voter pour l’adoption de la loi 101. Où en serait-on aujourd’hui si le gouvernement avait tenu compte des positions libérales ?
Tous les acteurs de la société, même les représentants du parti libéral reconnaissent l’effet bénéfique de la loi 101 sur le fait français au Québec. Du côté de la CAQ, on marchande à rabais le projet de loi 14 pour lui enlever toute sa substance. Pourtant, au Rendez-vous des gens d’affaires en 2008, François Legault était celui qui revendiquait une l’approche plus coercitive pour les entreprises qui ne respectaient pas les dispositions de la Charte de la langue française. Au Québec, nous pouvons être divisés entre fédéralistes, autonomistes ou indépendantistes de gauche ou de droite. Cependant, nous devons être unis minimalement sur la question linguistique. La désaffiliation de la CAQ et du PLQ sur la question linguistique est tout simplement indigne.
Les trois erreurs de madame Gagnon
Madame Gagnon, contrairement à ce que vous laissez entendre, nous avons des mandats clairs de nos instances, et ce sont nos membres qui nous pressent d’agir quant aux problématiques linguistiques qu’ils vivent quotidiennement. De plus, Mario Beaulieu de la SSJBM fait preuve de souplesse et de modération au sein de PQF. Il ne fait pas preuve de zèle comme vous l’en accusez faussement, mais de détermination! N’est-ce pas là son rôle comme président de l’institution qui défend depuis 1834 le fait français dans l’océan anglophone nord-américain?
Enfin, nous vous suggérons de lire la plateforme de PQF ainsi que les mémoires de chacun des partenaires qui se sont présentés en commission parlementaire devant la ministre De Courcy sur le projet de loi 14. Vous dites que « La CSN a emboîté le pas au Syndicat des fonctionnaires du gouvernement pour réclamer la disparition des hôpitaux et des cégeps anglophones! ». Si vous vous étiez donné la peine de vérifier vos informations, vous auriez constaté qu’elles étaient fausses.
En 1977, l’article 29.1 de la Charte de la langue française a prévu que la communauté anglophone puisse avoir accès à des communications et des services municipaux en anglais dans les municipalités où plus de la moitié des résidents sont langue maternelle anglaise, que des ayants droit puissent avoir de l’enseignement au primaire et au secondaire en anglais, et enfin, que les anglophones puissent avoir des soins médicaux en anglais dans des établissements reconnus comme étant bilingues. PQF ne demande aucunement l’abolition de ces institutions comme vous le mentionnez dans votre article.
Cependant, le Québec ne doit pas être un État bilingue où il n’est pas nécessaire de connaître le français. C’est pourquoi nous revendiquons notamment que, comme le prescrit déjà la Charte, le français soit l’unique langue de l’administration gouvernementale avec les personnes morales et les entreprises établies au Québec. Parallèlement, les services administratifs de la fonction publique du Québec aux individus doivent être offerts uniquement en français.
L’approche client préconisée depuis quelques années fait glisser l’administration publique québécoise vers un bilinguisme institutionnel. Quel message envoie-t-on aux nouveaux arrivants si toutes nos institutions sont bilingues? Poser la question, c’est y répondre. PQF est en faveur du bilinguisme et du plurilinguisme s’il s’agit d’un choix individuel, mais contre la bilinguisation des institutions gouvernementales. Ceci n’empêche pas les individus de parler la langue de leur choix dans la sphère privée.
Le message doit être clair pour tous, le Québec ça se vit en français.
Membres de Partenaires pour un Québec français :
- Daniel Boyer, Secrétaire général de la FTQ;
- Jacques Létourneau, Président de la CSN;
- Louise Chabot, Présidente de la CSQ;
- Lucie Martineau, Présidente du SFPQ;
- Pierre St-Germain, Président de la FAE;
- Raymond Legault, Président de l’UDA;
- Gilles Laporte, Président du MNQ;
- Mario Beaulieu, Président de la SSJB de Montréal.